Situation des droits Humains dans les prisons Camerounaises.

1-Cameroun: La prison de Ngambe trop délabrée pour accueillir de nouveaux détenus.

L’administration de la prison secondaire de Ngambe hésite à accueillir de nouveaux pensionnaires. Les mauvaises conditions de détention y sont contraires aux textes des Nations Unies. « Ici, il y a de l’espace et de la tranquillité. Nous ne sommes pas étouffés comme à la prison principale d’Edéa mais les conditions de vie restent très difficiles. On dort sur des planches non couvertes. Il faut se trouver un morceau de matelas ou de natte pour y mettre dessus avant de dormir. Ce n’est pas facile si tu n’as pas de soutien ». La vingtaine sonnée, Mahira Florent, visage clair, est déçu. Condamné à quatre ans d’emprisonnement ferme à la prison principale d’Edéa pour « vol de voitures », le jeune homme a obtenu son transfert à la prison secondaire de Ngambe dans l’espoir d’y retrouver de meilleures conditions de détention. Hélas, il a trouvé une cellule au toit fissuré, sans lit ni de lumière suffisante. Une situation qui explique que la prison de Ngambe n’abrite que vingt trois pensionnaires alors que sa capacité d’accueil est de cent cinquante.

Toits troués

Comme ses codétenus, Ngando Sébastien doit aussi supporter l’humidité dans sa cellule. Le soleil, comme celui qui brille en cette matinée de mai 2012, limite les dégâts. « Les tôles du toit sont vieilles et toutes trouées. Quand il pleut, l’eau rentre dans la cellule. Nous profitons du peu de soleil qui passe par la petite fenêtre pour chasser la moisissure qui s’attaque à nos vêtements », raconte ce détenu qui aime cuisiner pour ses compagnons.
Construite dans les années cinquante, la prison secondaire de Ngambe accueille les détenus adultes condamnés à de courtes peines, en provenance des prisons d’Edéa et de Douala. Outre le souci de décongestionner ces grands pénitenciers, ce statut de prison secondaire permet de pallier le manque de juridiction dans cette localité rurale. « Ngambe ne dispose pas d’un tribunal. S’il faut fonctionner comme une prison normale, les transfèrements des prévenus vers la juridiction la plus proche à Edéa vont coûter extrêmement cher à l’Etat », explique l’intendant principal des prisons Mofa Godwin, régisseur de la prison de Ngambe.

L’Etat interpellé

Le mauvais état des cellules ne l’incite donc pas à accueillir plus de pensionnaires. « Il faut réfectionner les bâtiments vétustes. Quand il pleut, ça coule partout. Nous avons plusieurs fois tenté de boucher les trous des tôles mais la situation ne change pas. Nous ne pouvons pas accueillir plus de détenus dans ces conditions », prévient le régisseur. D’autant plus que l’administration de la prison a de la peine à assurer la prise en charge médicale et alimentaire de ses pensionnaires.
Ces mauvaises conditions nuisent aussi à la capacité des prisonniers à travailler. « Tous les jours, on dort sur les planches. Le matin, certains détenus ne peuvent pas aller en corvée parce que le corps fait mal. On est obligé de supporter, c’est la prison », explique un prisonnier. Pour résoudre ces problèmes, les détenus qui, pour la plupart, ne reçoivent pas de visites de leurs proches, se tournent vers l’administration qui, à son tour, lance sans cesse des appels en direction de l’Etat.

Textes non respectés

Qu’elles soient centrales, principales ou secondaires, les prisons du Cameroun sont toutes dans un état lamentable. Une situation qui courrouce les défenseurs des droits de l’Homme. « Le préambule de la constitution stipule que la dignité de toute personne, y compris le détenu, doit être respectée en toute circonstance. Il existe également des conventions internationales ratifiées qui s’imposent à l’ordonnancement juridique camerounais. Ces textes ne sont pas respectés. Dans le cas spécifique de la prison de Ngambe, on peut se rendre compte que ces minima ne sont pas respectés parce que les détenus n’ont pas un logement décent », indique Me Ngue Bong Simon Pierre, avocat au barreau du Cameroun. Il conclut : « Il faut une volonté politique réelle pour assainir la gestion de la chose publique c’est-à-dire s’assurer que les crédits alloués à ces prisons pour leur fonctionnement leur parviennent effectivement et qu’on tienne compte des difficultés propres aux prisons. Il ne s’agit pas de faire des prisons une priorité mais de leur accorder un peu plus d’attention ».
Ne serait-ce que pour respecter les recommandations des Nations Unies qui précisent : « Les locaux de détention et, en particulier, ceux qui sont destinés au logement des détenus pendant la nuit, doivent répondre aux exigences de l’hygiène, compte tenu du climat, notamment en ce qui concerne le cubage d’air, la surface minimum, l’éclairage, le chauffage et la ventilation « .

1-CAMEROUN:PRISON DE DOUALA ET DE NGAMBE:LE CALVAIRE DES DETENUS.

A  la prison de Douala on les appelle « pingouins ». Faute d’argent pour payer leur place, ces prisonniers  dorment à la belle étoile. En violation flagrante des conditions de détention. Exposés aux intempéries, ils tombent souvent malades. Et à la prison de Ngambe.

 

Assis près de la porte de l’infirmerie de la prison centrale de Douala, dos contre le mur et genoux ramenés vers le buste, un jeune détenu s’efforce en vain de se protéger des rayons du soleil qui progresse rapidement vers le zénith. Il est vêtu d’un tricot et d’une culotte défraîchis et en lambeaux. « C’est un pingouin. Il n’a pas bien dormi dans la nuit et c’est maintenant qu’il tente de récupérer son sommeil », explique Yombi, un autre détenu.

Dans le jargon pénitencier camerounais, le mot « pingouin » (1) désigne un détenu  incapable de s’offrir le minimum pour sa survie quotidienne. A la prison de New-Bell, les « pingouins » sont nombreux. Certains sont contraints de passer la nuit à la belle étoile, dans un endroit de la cour intérieure de la prison baptisé « Billes de bois » où les détenus font du commerce pendant la journée. Le soir, ces démunis y étalent leurs couchettes à même le sol et dorment jusqu’au lever du jour. D’autres se couchent dans les toilettes, sur des étoffes déployées sur le pot du Wc.

Une prison du Cameroun.

 

                                                       Les bandits rôdent

Il y a aussi la « corvée lézard » qui désigne ceux qui dorment, le dos appuyé contre le mur. Selon un gardien, la plupart des détenus soumis à cette corvée ont les pieds enflés à cause des longues heures passées debout. En saison pluvieuse, les eaux de ruissellement érodent leurs plantes de pieds.

« Lors d’une fouille à la prison, on a retrouvé un « pingouin » emballé dans une couchette de fortune fait de plastique. Il ronflait en plein jour près de la poubelle », témoigne un autre gardien. Les pingouins sont également exposés aux maladies de la peau. La gale, notamment, fait des ravages. La peau d’Elvis est couverte de croûtes. Ce détenu séropositif de 24 ans garde un douloureux souvenir des nuits à la belle étoile. « En août 2011 lors de sa dernière visite, ma mère m’avait donné 10.000 FCfa. J’avais acheté des bâtons de manioc et des arachides grillées que je vendais pour survivre. Trois mois après, des bandits sont venus me fouiller dans la nuit pendant que je dormais et m’ont volé ma recette et ma marchandise », se souvient-il, amer.

 

                                          Services payants dans les cellules

Dans la plupart des cellules, l’accès aux toilettes et à la douche est payant. « Tous les lundis, chaque détenu paye 100 F pour la caisse télévision, 50 F pour la caisse maladie et 50 F pour la caisse câble. On paie 100 F pour l’entretien des toilettes et 50 F pour l’entretien de la douche. Le chef de cellule, lui aussi détenu, nous explique que cet argent sert à assurer l’hygiène », dénonce Elvis. Ces frais sont perçus par les ‘‘autorités’’ des cellules (le chef de cellule, dénommé le ‘‘Premier ministre’’ ou le chef de cellule adjoint, le ‘‘Commandant’’, et le chef du service d’hygiène le ‘Commissaire’’).

Les détenus n’ayant pas payé ces frais sont expulsés par ces ‘‘autorités’’. Depuis huit mois, Elvis a été chassé de la cellule n°5. « A un moment je ne parvenais plus à payer les frais. Les chefs n’ont pas compris mon problème et m’ont mis dehors », affirme-t-il. En saison des pluies, les cellules sont saturées, beaucoup de détenus cherchant à y retourner. Face à la forte demande, les ‘‘autorités’’ se montrent alors encore plus exigeantes, selon Yombi. Les prisonniers, qui ne sont pas en règle,  sont priés d’aller se faire voir ailleurs.

 

                                                       Pas assez d’espace

Pour la présidente de l’Action pour l’épanouissement des femmes, des démunis et des jeunes détenus (Afjd), Eliane Meubeukui, les détenus dorment en plein air, « pas forcément parce qu’ils n’ont pas d’argent, mais parce que l’espace manque« . Conçue pour abriter 850 détenus, la prison de New-Bell en accueille aujourd’hui environ 3500. Les règles minima de traitement des détenus des Nations unies recommandent pourtant des cellules ou des chambres individuelles pour au plus deux personnes. Le régisseur de la prison de New-Bell, Dieudonné Engonga Mintsang, reconnaît que certains détenus sont obligés de dormir en plein air.

Théodore Tchopa

(1) Le régisseur de la prison précise que le mot « pingouin » n’est pas reconnu dans le langage officiel de la prison. Ce sont les démunis eux-mêmes qui se font appeler ainsi.

 

 

3- Cameroun, des prisons à la Kondengui Yaoundé.

Ceux qui connaissent de l’intérieur les prisons du Cameroun en donnent des descriptions à faire dresser les cheveux sur la tête. Le mot « enfer » [1] revient comme un refrain, difficile à entonner pour le profane.

Pas facile de pénétrer dans ces « mouroirs de la République » [2] , sorte de boîtes noires du régime Biya. C’est donc devant les portes du pénitencier de Kondengui que nous attend Jérémie. Gardien de prison depuis plus de vingt ans, il s’y connaît en geôles camerounaises. Il accepte, à condition qu’on taise son nom, de nous expliquer «  le problème ».

En guise d’introduction, Jérémie nous montre le camion stationné devant la lourde porte. Un camion à bestiaux, dans lequel on charge une foule de prévenus qu’on emmène au Parquet. « C’est notre seul camion, commente-t-il. C’est avec ça qu’on fait tout : transport du bois, évacuation des cadavres, transfert des prisonniers. Du coup, on passe notre temps à l’attendre. On l’attend au tribunal quand il est à la morgue… et à la morgue quand il est au tribunal ! ».

C’est précisément en immobilisant le camion – et en bloquant ainsi le tribunal à quelques heures de l’entrée en vigueur du nouveau code de procédure pénal camerounais – que les gardiens de prison ont lancé leur grève, le 28 décembre dernier, en dépit d’un statut qui leur dénie théoriquement ce droit [3].

« Il faut bien trouver le moyen de se faire entendre  » [4], se sont justifiés les protestataires, qui réclament en vain, depuis des années, l’harmonisation de leur traitement avec celui des autres hommes en tenues (militaires, policiers, etc.).

Leurs pénibles conditions financières poussent les gardiens à se lancer dans des trafics en tout genre avec les détenus. « Il faut bien vivre », constate Jérémie. L’autre façon de grappiller quelques billets, florissante depuis que Paul Biya a décidé de « lutter contre la corruption », consiste à faire le larbin auprès des hiérarques embastillés. Lesquels attendent leur comparution dans leurs cellules VIP, en continuant à faire impunément fructifier leurs avoirs par correspondance…

Chiffres

d’après Hippolyte Sando, Derrière les murs, l’enfer : l’univers carcéral en question, Catholic Relief Service, Août 2005 :

Le Cameroun compte 73 prisons : 10 prisons centrales, 40 prisons principales, 23 prisons secondaires

Ces prisons hébergent plus de 20.000 détenus pour une capacité de 6.707 places, soit une surpopulation carcérale de 77%.

Personnel d’encadrement : 3.049 personnes (chiffre de 2003)

En août 2000, les prisons camerounaises comptaient 1124 détenus étrangers (souvent de pays limitrophes), soit 6%

Les prévenus représentent entre la moitié et les trois quarts de la population carcérale. 85,52% des personnes incarcérées à la prison centrale de Yaoundé (mars 2002) et 71,34% des personnes incarcérées à la prison centrale de Douala (juillet 2005) étaient en détention préventive.

Car tout le monde n’est pas logé à la même enseigne à la prison de Kondengui, loin s’en faut. Il y a ce qu’on appelle les « quartiers résidentiels » où dorment confortablement les bandits à cols blancs [5], et les « quartiers populaires » où l’on entasse les miséreux à quarante par cellule. Coincés entre l’arrogance des « détourneurs de deniers publics » et les menaces de ceux qui croupissent avec les rats et les cafards, les gardiens sous-payés n’en peuvent plus.

Mais les autorités camerounaises font la sourde oreille, comme à l’habitude.

Prétextant de l’illégalité de la grève, «  la faute la plus grave que puisse commettre un homme en tenue », le ministre de la Justice, Amadou Ali, a préféré envoyer la troupe, le 2 janvier, pour mater les matons. Une virile bastonnade, en guise de dialogue social, dont les détenus des « quartiers populaires » ont profité pour mettre le pénitencier à feu et à sang, et rafler quelques produits prohibés (deux détenus sont morts après avoir vidé quelques fioles alcoolisées à l’infirmerie). Cette flambée de violence, qui s’est rapidement répandue à travers le pays, s’est soldée par une purge sévère : seize directeurs de prisons ont été remplacés et une centaine de gardiens suspendus [6].

 

4- Cameroun l’enfer des prisons.

Vétustes et surpeuplées, les prisons au Cameroun sont un « enfer », disent certains, où de multiples tentatives d’évasions et des incendies dramatiques enregistrés récemment, font craindre le pire.

La prison de New Bell, l’établissement pénitentiaire du grand port de Douala, la capitale économique du pays dans le sud, a enregistré en juin la mort de seize prisonniers lors d’une tentative d’évasion, tandis que neuf sont morts dans l’incendie d’un des quartiers fin août, probablement allumé par des détenus.

« Ce qui s’y passe dépasse tout ce qu’on peut imaginer« , estime Madeleine Afité, de l’ONG Action des chrétiens contre la torture (Acat).

Erigée en 1935 et délabrée à l’instar de nombreux autres établissements, elle compte plus de 3.500 prisonniers pour une capacité d’accueil de 800 détenus.

Dans celle de Kondengui à Yaoundé, où s’entassent plus de 4.000 détenus pour une capacité de mille pensionnaires selon la gendarmerie, une fouille a permis en août de découvrir 230 couteaux, 77 tournevis, des scies à métaux, des barres de fer etc…

Les autorités pénitentiaires sont conscientes de la situation difficile et estiment qu’il faudrait « désengorger » dans les grandes villes les prisons les plus encombrées.

Mais elles constatent que « les crédits sont insuffisants » pour ce secteur. Ces mêmes responsables se heurtent également à l’insuffisance des crédits pour la nourriture. Les crédits, souligne l’administration pénitentiaire, « sont bien maigres après l’augmentation des prix des denrées alimentaires » intervenue ces derniers mois au Cameroun, comme dans d’autres pays africains.

Le ministre de la Justice Amadou Ali expliquait récemment qu’une des raisons du maintien de détenus dans les grandes villes étaient dû au fait qu’ils étaient ainsi proches de leurs familles qui pouvait leur apporter la nourriture.

Admettant que la situation est « explosive », les autorités ont engagé, avec l’aide de l’Union européenne (UE), un « projet de modernisation des prisons et de préparation à la réinsertion sociale des détenus ».

D’une durée de trois ans, ce plan a pour objectif de construire six nouvelles prisons de 300 places chacune et la réhabilitation de 22 autres établissements.

Il cherche aussi à développer des programmes de formation dans le secteur de l’élevage, de l’artisanat et des métiers du bois afin de faciliter la réinsertion des prisonniers, dont certains disent que ceux qui sortent actuellement sont « encore plus criminels qu’en y entrant ».

parole dans ce pays ! C’est la dictature ou… ». Comme s’il avait parlé trop vite, ou trop fort, Jérémie s’interrompt brusquement. Car depuis quinze jours, depuis la purge, ce sont les gendarmes qui montent la garde à Kondengui. Et surveillent d’un même œil les détenus échaudés et les gardiens rescapés des foudres ministérielles.

« Tout ça est assez regrettable, conclut Jérémie, placide. Le bas-peuple n’a jamais la

5-Cameroon A day at Buea prison.

 

6- CAMEROUN:SCANDALE: PAS DE LITS DANS LES PRISONS DE YABASSI ET D’EDEA.

La plupart des détenus des prisons principales de Yabassi et d’Edéa dorment sur des cartons, des planches ou des nattes. Faute de lits et de matelas, et en violation flagrantes des règles minima de détention. 

 

Bientôt trente minutes qu’il s’étire dans tous les sens comme si ses articulations étaient rouillées. Du haut de son 1m80, Boteng Motassi, torse nu, se frotte inlassablement les paupières recouvertes de chassie pour tenter de repousser le sommeil, tandis que certains de ses codétenus s’agitent et crient dans la cour de la prison principale de Yabassi. Après une journée de corvée, la nuit de Boteng a été courte. « Je dors avec un autre prisonnier sur un morceau de carton. Il faut se retourner plusieurs fois parce que quand on dort sur un même côté pendant longtemps, le corps fait mal. Je n’avais pas assez de force pour faire ces mouvements, donc je n’ai pas vraiment  dormi« , explique le détenu.

A l’interieur d’une Prison Camerounaise.

 

                                                    Sur des étagères

Incarcéré à la prison principale d’Edéa, Hamidou préfèrerait des cartons aux planches, disposées en étagères, sur  lesquelles il est contraint de dormir. Dans ce pénitencier, femmes, adultes, mineurs passent tous la nuit sur les planches. « Certains les couvrent avec des nattes ou de vieux matelas pour avoir moins mal. J’aurais aimé posséder seulement quelques cartons mais il faut tout acheter », indique, impuissant, Hamidou.

A la prison principale de Yabassi comme à celle d’Edéa, le constat est le même. En l’absence de lits et de matériels de couchage appropriés, la plupart des détenus dorment sur des planches, des morceaux de carton ou des nattes. Selon Ngalani Romuald, le régisseur, ces matériels sont donnés par des âmes de bonne volonté. « En 2007, une association féminine nous a fait un don de matelas. Seulement, ils sont tous aplatis. Mais, nous continuons de les utiliser faute de mieux. Pour le reste, ce sont les détenus ou leurs familles qui apportent des nattes et des morceaux de carton », dévoile le régisseur.

 

                                                     Mal de dos

A l’exception des femmes et des personnes âgées qui disposent d’un lit dans leur cellule, ces mauvaises conditions de couchage touchent environ cent des cent quinze détenus de cette prison. Au fil du temps, elles mettent leur santé en péril. « Je ne peux plus aller en corvée parce que j’ai un mal de dos qui ne me quitte plus. Je prends de temps à autre des antibiotiques pour le combattre sans succès », raconte un prisonnier.

Après avoir dormi pendant plusieurs années sur les planches, Nitti Marceline, 17 ans, traîne des bobos qui l’inquiètent. « Tout le temps, on se réveille avec les muscles endoloris. On dit souvent au chef mais on ne nous donne rien. C’est un prêtre qui nous apporte des médicaments. Même si on se soigne, on sera toujours malade parce qu’on va revenir dormir au même endroit« , s’inquiète la jeune pensionnaire de la prison principale d’Edéa.

 

                                          « Traitements inhumains »

Les détenus ne sont pas les seuls à décrier leurs conditions de couchage déplorables. Les défenseurs des droits de l’Homme y voient un calvaire inacceptable. « Ce sont des cas de traitements inhumains et dégradants interdits par les conventions internationales et les lois nationales notamment la constitution qui, en son préambule, dit que toute personne a droit à la vie et à l’intégrité physique et morale ; elle doit être traitée en toute circonstance avec humanité ; en aucun cas, elle ne peut être soumise à la torture, à des peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants« , indique Maître Sterling Minou, avocat au Barreau du Cameroun.

Conscientes de la gravité de la situation, les deux administrations pénitentiaires incriminées ont, à leur tour, perdu le sommeil. Elles relancent régulièrement l’Etat pour demander que chaque détenu dispose d’un lit individuel et d’une literie individuelle suffisante, entretenue convenablement et renouvelée de façon à en assurer la propreté, comme le conseillent les Nations Unies.

Christian Locka (JADE)

Les articles sont produits avec l’aide financière de l’Union Européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de JADE Cameroun et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’union Européenne.

 

7- Cameroun – 100 détenus dans 12 mètres carrés

La prison centrale de Douala, la capitale économique du Cameroun, a été construite pour accueillir 600 personnes. Depuis plusieurs années, elle connaît des problèmes de surpopulation au point d’abriter aujourd’hui pas moins de 2.500 détenus pour seulement 27 cellules. Un reportage du quotidien Le Jour indique que 100 détenus se partagent une cellule de moins de 12 mètres carrés. Jean-Pierre, l’un d’entre eux, témoigne:

«Certains choisissent de dormir à la belle étoile, pour fuir la chaleur des cellules ou le manque d’espace qui oblige à dormir assis.»

En effet, la nuit tombée, Jean-Pierre et de nombreux autres pensionnaires de la prison située dans le quartier populaire de New-Bell à Douala se réunissent dans la grande cour de la maison d’arrêt, qui se transforme alors en vaste dortoir. Pour échapper à la chaleur étouffante, aux conditions insalubres et à la promiscuité dans les cellules, les prisonniers se collent les uns aux autres sur un matelas, sous un drap ou à même le sol, et tentent d’éviter les piqûres de moustiques:

«La nuit, pour nous, est semblable à un cauchemar. Notre plus grand souhait est de voir le jour se lever. Quand arrive la pluie, chacun joue des coudes pour trouver un abri dans une cellule ou devant les bureaux. Les moins chanceux restent dehors», confie un groupe de détenus.

Le Jour promène également ses lecteurs à la prison de Mbanga, située à une soixantaine de kilomètres au nord de Douala. Là aussi, c’est le même scénario. Prévu pour 150 personnes, le pénitencier en accueille le double. Les cellules peuvent contenir jusqu’à 80 personnes. Et les détenus sont souvent victimes de nombreuses arnaques, fait savoir le quotidien, qui rapporte le témoignage d’un chef de cellule s’exprimant sous couvert d’’anonymat:

«Lorsqu’un nouveau arrive, on lui octroie une cellule en fonction du montant qu’il paie aux autorités de la prison. Les prix des cellules varient entre 25.000 et 205.000 francs CFA [entre 38 et 312 euros, ndlr].»

Les conditions de détention dans les prisons camerounaises violent les recommandations des Nations unies qui exigent la séparation entre les prévenus en attente d’un jugement et les personnes condamnées. Ce texte adopté en 1955 recommande aussi que la nuit, les cellules ne soient occupées que par une seule personne et que les conditions élémentaires d’hygiène soient garanties aux détenus.

«On voudrait bien respecter ces dispositions, mais les infrastructures d’accueil et les moyens font défaut dans toutes les prisons du pays», justifie un administrateur des prisons.

En plus de l’insalubrité des prisons camerounaises, l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International a souligné dans un rapport publié en mai 2011 des cas de tortures dont seraient victimes de nombreux détenus:

«Les prisons et autres lieux de détention au Cameroun sont surpeuplés et les conditions sont telles que la vie des détenus y est souvent menacée», fait savoir l’ONG.

L’agence de presse camerounaise CamNews24, qui revient sur ce rapport, évoque aussi un constat des Etats-Unis sur la situation des droits de l’homme au Cameroun. Selon un rapport publié en avril 2011, la torture serait généralisée dans les prisons. Il cite le cas de celle de New Bell à Douala, où des gardiens infligeraient des sévices corporels aux prisonniers, qui sont parfois fouettés ou enchaînés dans leur cellule.

Prisons. A Douala et Mbanga, de nombreux détenus dorment dehors.  

La nuit tombée, la grande cour de la prison centrale de Douala se transforme en un refuge. Collés les uns aux autres sur un matelas, sous un drap ou sur le sol nu, des détenus y passent la nuit, en s’efforçant d’être insensibles aux piqûres de moustiques. « Certains choisissent de dormir à la belle étoile, pour fuir la chaleur des cellules ou le manque d’espace qui oblige à dormir assis, explique Jean-Pierre qui appartient à cette catégorie. D’autres dorment dans le froid simplement parce qu’ils n’ont pas pu avoir une place à l’intérieur. »

Construite pour 600 personnes, cette prison compte plus de 2500 détenus pour 27 cellules. Dans les «  cellules spéciales », les nantis ne sont pas plus d’une trentaine. Ceux qui s’entassent dans les cellules ordinaires partagent moins de douze mètres carrés pour une centaine de personnes. Les cellules sont heureusement aérées par une fenêtre. Les mineurs et les femmes sont enfermés dans des quartiers séparés.

« La nuit, pour nous, est semblable à un cauchemar, confie un détenu. Notre plus grand souhait est de voir le jour se lever », Un autre explique : «Quand arrive la pluie, chacun joue des coudes pour trouver un abri dans une cellule ou devant les bureaux. Les moins chanceux restent dehors. »

Une véritable arnaque
La prison de Mbanga, à soixante kilomètres de Douala, est, elle aussi, surpeuplée. Construit pour 150 personnes, ce pénitencier en accueille le double. On y dort sur le sol nu ou sur de matelas sales. Les cellules contiennent jusqu’à 80 personnes. De 17h à 7h du matin, les détenus, certains mineurs, d’autres très âgés, doivent partager le peu d’air que laissent filtrer deux trous d’aération.
Injustice supplémentaire, les détenus sont victimes de véritables arnaques. « Lorsqu’un nouveau arrive, on lui octroie une cellule en fonction du montant qu’il paie aux autorités de la prison. Les prix des cellules varient entre 25.000 et 205.000 Fcfa », explique anonymement un chef de cellule de New-bell. Autant dire que les pauvres n’y ont pas accès.  « Cela est peut-être imposé par l’administration des cellules, mais pas par celle de la prison », conteste  François Cheota, chef de service des activités culturelles, sociales et éducatives à la prison de New-bell.

A Mbanga, seuls les pensionnaires de la cellule spéciale paient une somme de 10 000 Fcfa à l’entrée. « Cet argent nous aide dans l’entretien des détenus, à l’achat des ampoules ou des cadenas, en cas de besoin », précise Eyong Simon, son régisseur.
Les règles bafouées

Les conditions de détention dans les prisons camerounaises violent les règles adoptées par les Nations unies en 1955. Ce texte recommande la séparation entre les prévenus en attente d’un jugement et les personnes condamnées, entre les jeunes et les adultes. La nuit, les cellules ne devraient être occupées que par un seul détenu. L’éclairage, l’aération, la surface devraient obéir aux exigences élémentaires d’hygiène.

« On voudrait bien respecter ces dispositions, mais les infrastructures d’accueil et les moyens font défaut dans toutes les prisons du pays », justifie un administrateur des prisons, sous anonymat. « Le problème ajoute François Cheota, vient aussi des lenteurs judiciaires, De nombreux détenus sont des prévenus ».

Blaise Djouokep et Charles Nforgang (Jade)

Les articles sont produits avec l’aide financière de l’Union Européenne. Le contenu de ces articles relève de la seule responsabilité de JADE Cameroun et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’union Européenne.

8-Cameroun: les cas de torture persistent en prison.

Le rapport sur le Cameroun du rapport d’Amnesty International indique que le milieu carcéral ne respecte pas toujours les règles minimales de détention.

Les cas de torture persistent, malgré les efforts du gouvernement. “Les prisons et autres lieux de détention au Cameroun étaient surpeuplés et les conditions étaient telles que la vie des détenus y était souvent menacée”. Tel est le constat d’Amnesty International dans son rapport 2011 sur la situation des droits humains dans le monde en 2010, publié le 13 mai dernier. Ce mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus, relève que “dans bien des cas, les prisonniers ne recevaient ni soins médicaux, ni nourriture ou étaient mal soignés et sous-alimentés.

Les incidents et les tentatives d’évasion étaient fréquents et plusieurs détenus ont été tués en essayant de s’évader”. L’Ong note que la prison de Nkondengui, construite pour 700 détenus en accueillait 3852 jusqu’en août dernier, et qu’il n’y avait pas assez de nourriture, de l’eau et des médicaments pour les détenus. “Dans une des ailes de l’établissement baptisée «le Kosovo», les prisonniers n’avaient pas assez de place pour dormir allongés, a constaté cette organisation lors de son passage dans cette prison.
Une autre aile hébergeait des détenus souffrant de troubles mentaux; ils ne bénéficiaient d’aucun suivi psychiatrique”. La prison de New-Bell à Douala, conçue pour 700 personnes, en comptait plus de 2 453. “Nombre d’entre eux, bien que dans l’attente de leur jugement, partageaient leur cellule avec des condamnés”. Le rapport constate le port des chaînes par certains détenus dans d’autres prisons du pays, et affirme que “Des détenus sont morts à la prison de Maroua en raison de la chaleur caniculaire qui y régnait; d’autres sont décédés du choléra à la prison de N’Gaoundéré”. Amnesty International déplore le niveau de formation des surveillants pénitentiaires, leur nombre insuffisant compte tenu des effectifs carcéraux, et juge leurs équipements de travail médiocres et inadéquats.

Plus alarmant, le rapport des Etats-Unis sur les droits de l’homme au Cameroun publié en avril 2011 annonce que d’après de nombreuses organisations de défense des droits humains, la torture serait généralisée dans les prisons. Il cite le cas de la prison de prison de New Bell à Douala, où des gardiens de prison infligeraient des sévices corporels aux prisonniers qui sont parfois fouettés ou enchaînés dans leurs cellules. “En mai 2009, des officiels de certains pays étrangers en visite dans cette prison avaient trouvé des détenus accusés de violence et d’indiscipline enchaînés dans des minuscules cellules après avoir été battus et privés de nourriture par les gardiens de prison”, indique le rapport.
Le document américain pointe un doigt accusateur sur les forces de maintien de l’ordre qui rançonneraient les personnes gardées à vue, les enfermeraient dans des cellules où ils n’ont pas accès aux toilettes, et se livreraient à la torture pour obtenir des informations concernant des criminels présumés. “Dans le même registre, des Ongs locales ont signalé des cas de viols chez les détenus”.

Face à ce sombre tableau, le gouvernement avance divers arguments pour prouver sa bonne foi à faire évoluer la situation. Pour la première fois, les délégués d’Amnesty International arrivés au Cameroun en août ont été reçus par des responsables gouvernementaux. Le Programme d’amélioration des conditions de détention et respect des droits de l’homme (Pacdet), financé par l’Union européenne, vise à réduire les dysfonctionnements et les abus liés à la détention.
Le code de procédure pénale entré en vigueur début 2007 cherche à promouvoir le droit à un procès équitable, le respect de la présomption d’innocence, etc. Le rapport du Cameroun présenté au conseil des Droits de l’homme à Genève en 2009 cite des fonctionnaires de police, de la gendarmerie de l’administration pénitentiaire et des magistrats traduits devant les tribunaux ou révoqués pour violation des Droits de l’homme. L’Etat a également créé de nouvelles juridictions, augmenté le nombre de salles d’audience et le nombre de magistrats et greffiers. Une goutte d’eau dans un océan de besoins.

Source : Mutations. Le Jour, CamNews24.slateafrique.com, Jade

Trafic d’enfants Plusieurs élèves portés disparus à Pouma.


Un suspect de nationalité nigériane vient d’être interpellé et gardé à vue par les gendarmes.

La tension est perceptible chez les habitants de Pouma, cet arrondissement du département de la Sanaga Maritime, sur l’axe Douala Yaoundé.

Et pour cause, la semaine dernière,  un adolescent s’est étonné de la destination que prenait sa copine avec des gens suspects. C’est sur son insistance que la jeune file a finalement dévoilé où l’on l’amenait. L’alerte est donnée. Les auteurs de la manœuvre sont pris. De file en aiguille, on apprend qu’on amenait la jeune fille à Edéa d’où elle devait être convoyée au Nigéria. Et qu’elle n’est pas la première dans la série. Une demi douzaines de filles majoritairement sont ainsi porté disparues dans la région. Un nom est cité comme chef de file de ce qui est donné comme un réseau bien huilé de trafic de jeunes fille particulièrement, vers le Nigéria, la destination jusqu’ici avancée. Un certain Asukua, de nationalité  nigériane, installé au Cameroun, en Sanaga Maritime, depuis une vingtaine d’années dont une dizaine à Pouma. Selon des témoignages concordants, il se faisait même appeler Ntamack, un patronyme bien de la région.
Selon les premières informations, il semble que l’homme qui est installé dans la localité avec sa famille, attire les autres enfants à partir de sa fille. Une fois que la proie rentre chez lui, elle n’en ressort plus. Les dispositions sont alors prises pour l’acheminer discrètement dans une résidence à Edéa, à une quarantaine de Km plus loin, sur la route de Douala. C’est de là que le «colis» est embarqué dans les camions transportant des cargaisons de «Eru», ces précieuses feuilles de la forêt équatoriale très prisées sur les tables nigérianes.
C’est maintenant que les langues se délient. Et l’on se rend compte que depuis plusieurs mois, des enfants, particulièrement des jeunes filles, n’étaient plus revenues dans leurs familles. Les parents qui en étaient encore au stade des recherches pour comprendre ce qui est arrivé à leur progéniture, ne pouvaient pas encore penser au pire. «Comme aujourd’hui les jeunes qui ont déjà atteint  la puberté peuvent être détournées par des garçons délinquants, on soupçonnait, tout en espérant aussi, que c’est ce qui est arrivé à ces jeunes enfants. Et qu’elles reviendraient à la maison. Même si cela était vraiment bizarre et inquiétant», explique un habitant de Puma.
Le Commandant de la brigade de gendarmerie de la place, le sous-officier Djana Djana qui a commencé l’enquête, est aussi une victime. Puisque son enfant est aussi porté disparu. Et l’on cite le même réseau. Contacté, il a simplement expliqué à La Nouvelle Expression qu’il ne peut pas encore affirmer que son enfant a disparu dans ce réseau. Tout comme il a expliqué qu’il a interpellé le suspect pour déjà le protéger contre la vindicte populaire des habitants de Pouma où tout ressortissant nigérian n’est plus en sécurité. Mercredi dernier, le consul général du Nigéria à Douala a effectué le déplacement de Pouma pour rencontrer les autorités locales, afin de bien s’informer de la situation, selon une source policière. Mais surtout, il voulait plaider en faveur de la communauté nigériane installée dans  la région, afin qu’elle ne fasse pas l’objet d’une chasse à l’homme, le temps que les enquête en cours apportent plus de lumière sur la scabreuse affaire. Asukua, alias Ntamack, est déjà transféré à la compagnie de gendarmerie de la Sanaga Maritime à Edéa.

Source : Nouvelle expression

La Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’enfant

 

La Convention des Nations Unies
relative aux Droits de l’enfant

Version simplifiée

Image

Index des articles par sujet

 

Partenariat

Mesures générales de mise en oeuvre  4

 

Survie et Développement

Services de base en matière de santé et de bien-être  6, 18, 23, 24, 26

Éducation, loisirs et activités culturelles  28, 29, 31

 

Protection
Des enfants dans des situations d’urgence  22 , 38, 39

Des enfants exploités  32, 33, 34, 35 , 36

Des enfants en conflit avec la loi   37, 39, 40

Milieu familial et autres milieux de garde  3, 5, 9, 10, 11, 12, 18, 19, 20, 21, 25, 27

Enfants des groupes minoritaires et enfants indigènes  30

 

Participation

Droits et libertés civils  7, 8, 12, 13 , 14, 15, 16, 17, 37

 

Article 1 : définition de l’enfant
La convention te concerne si tu as moins de 18 ans (sauf si ton pays t’accorde la majorité plus tôt).

Article 2 : Tu as droit à la non-discrimination
Tous les droits énoncés par la Convention doivent être accordés ainsi qu’à tous les autres enfants, filles et garçons, quelle que soit leur origine ou celle de leur parents. Les Etats s’engagent à ne pas violer tes droits et à les faire respecter pour tous les enfants.

Article 3 : Tu as droit au bien-être
1) Toutes les décisions qui te concernent doivent tenir compte de ton intérêt.
2) L’Etat doit te protéger et assurer ton bien-être si tes parents ne peuvent le faire.
3) L’Etat est responsable des institutions (école, police, justice…) chargées te t’aider et de te protéger.

Article 4 : Tu as droit à l’exercice de tes droits
L’Etat doit faire le nécessaire pour que tu puisses exercer tous les droits qui te sont reconnus par cette Convention.

Article 5 : Tu as droit au développement de tes capacités
L’Etat doit respecter le droit et le devoir de tes parents d’assurer le développement de tes capacités.

Article 6 : Tu as droit à la vie et au développement
1) Comme tout enfant, tu as droit à la vie
2) L’Etat doit assurer ta survie et ton développement.

Article 7 : Tu as droit à un nom et une nationalité
1) Dès ta naissance, tu as droit à un nom et nationalité. Tu as le droit de connaître tes parents et d’être élevé(e) par eux.
2) Les Etats doivent respecter cela, même si tu es apatride (sans pays).

Article 8 : Tu as droit à la protection de ton identité
L’Etat doit protéger et, le cas échéant, t’aider à conserver ton identité, ta nationalité, ton nom et tes relations familiales.

Article 9 : Tu as le droit de vivre avec tes parents
1) Tu as le droit de vivre avec tes parents, sauf si cela est contraire à ton intérêt (si tes parents te maltraitent ou te négligent par exemple).
2) Tu as le droit de donner ton avis et de participer à toute décision concernant une éventuelle séparation de tes parents. Ils ont aussi le droit de donner leur avis et de participer à une telle décision.
3) Si tu es séparé(e) de tes deux parents, ou de l’un d’eux, tu as le droit de les – ou de le – voir régulièrement, sauf si cela est contraire à ton intérêt.
4) Tu as le droit de savoir où se trouvent tes parents, – s’ils sont, par exemple, détenus (en prison) ou exilés (partis dans un autre pays) – sauf si cela est contraire à ton intérêt.

Haut

Article 10 : Tu as droit à retrouver ta famille
1) Tu as le droit de quitter un pays et d’entrer dans un autre pour retrouver tes parents. Tes parents ont le même droit.
2) Si tu habites dans un autre pays que tes parents, tu as le droit d’avoir des contacts réguliers avec eux. Tu as le droit de les rejoindre.

Article 11 : Tu as droit à la liberté de déplacement
1) Personne ne peut t’enlever de ton pays ou s’opposer (ne pas être d’accord) à ton retour dans ton pays.
2) Les Etats doivent trouver des solutions à ce sujet.

Article 12 : Tu as droit à la liberté d’opinion (donner un avis)
1) Dès que tu en es capable, tu as le droit de donner ton avis à propos de tout ce qui te concerne.
2) Les Etats doivent te garantir (ils sont obligés) ce droit.

Article 13 : Tu as droit à la liberté d’expression
1) Tu as le droit à la liberté d’expression, tu as le droit de recevoir et répandre des informations.
2) Ils y a cependant des limites à ta liberté d’expression :
– tu dois respecter les libertés et les droits des autres,
– tu ne peux pas mettre la société en danger

Article 14 : Tu as droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion
1) Tu as le droit à la liberté de pensée et de conscience (comprendre ce qui te fait agir), tu peux pratiquer une religion.
2) Tes parents ont le droit et le devoir de te guider dans l’exercice de ce droit, en fonction de tes capacités.
3) Ta liberté de pratiquer une religion et de manisfester tes convictions (ce que tu penses) à des limites :
– tu dois respecter les libertés et les droits des autres,
– tu ne peux pas mettre le société en danger.

Article 15 : Tu as droit à la liberté d’association
1) Tu as droit de t’associer à d’autres personnes et de pratiquer (faire) des réunions.
2) Ta liberté de réunion et d’association à des limites :
– tu dois respecter les libertés et les droits des autres,
– tu ne peux pas mettre le société en danger.

Article 16 : Tu as droit à la protection de ta vie privée
1) Personne ne peut illégalement (en dehors de la loi) intervenir dans ta vie ou celle de ta famille. Ton domicile (là où tu habites), ta correspondance (ton courrier) sont également protégés. Il en est de même pour ton honneur (ta morale) et ta réputation (ce que pense les autres de toi).
2) La loi doit te protéger sur ces différents points.

Article 17 : Tu as droit à l’information
Tu as le droit de recevoir une information diversifiée (de toute sorte) et objective (pas déformée), en particulier, cette information élargira ta culture (tes connaissances) et assurera ta santé physique et mentale.
Les Etats encourageront les médias (radios, télévisions, journaux..) à te présenter des informations qui te seront utiles, qui favoriseront (aideront) ta connaissance et ta compréhension des autres cultures. Ils encourageront la production de livres pour les enfants. L’information te sera communiquée dans ta langue, même si elle est minoritaire (par exemple le Français est minoritaire par rapport à l’Anglais). L’Etat doit te protéger contre les informations qui pourraient te nuire (te faire du mal).

Article 18 : La responsabilité de tes parents
1) Ce sont tes parents ou leurs représentants légaux qui ont la responsabilité de t’élever et d’assurer ton développement.
2) L’Etat doit aider tes parents dans cette mission en créant des institutions et des services chargés de veiller à ton bien-être.
3) Si tes parents travaillent tous les deux, l’Etat doit les aider plus particulièrement.

Article 19 : Tu as le droit d’être protégé(e) contre les mauvais traitements
1) L’Etat doit te protéger contre toutes les formes de violence et de brutalités physiques ou mentales. Il doit te protéger contre l’abandon, la négligence, les mauvais traitements, l’exploitation et la violence sexuelle, que cela viennent de tes parents, ta famille ou tout autre personne.
2) L’Etat fera en sorte que de telle situations ne se reproduisent pas. Si cela devait cependant arriver, il devrait s’occuper de toi.

Haut

Article 20 : Tu as le droit à une protection même si tu n’as pas de famille
1) Si tu n’as plus de famille, l’Etat doit te protéger et d’aider.
2) L’Etat te donnera une protection de remplacement.
3) Cette protection devra tenir compte de ton passé et de ta culture.

Article 21 : Tu as droit à l’adoption
L’adoption ne peut-être autoriser que dans ton intérêt.
1) Elle ne peut se faire sans le consentement (l’accord) des personnes qui sont responsables de toi.
2) Elle peut se faire dans un autre pays que le tien, si c’est la meilleure solution pour toi.
3) Il doit t’être accordé(e) les mêmes droits que si tu avais été adopté(e) dans ton pays d’origine.
4) Les personnes qui t’adopteront ne pourront tirer aucun profit matériel (par exemple gagner de l’argent) de cette adoption.
5 Les Etats prendront accord pour que ton adoption se fasse, avec l’accord des autorités, par des organismes compétents.

Article 22 : Les droits de l’enfant réfugié
1) Tu as le droit d’être considéré(e) comme réfugié(e). Tu seras protégé(e) par le droit international (lois communes à tous les pays), que tu sois seul(e), accompagné(e) de tes parents ou d’autres adultes.
2) Les Etats et les organisations internationales (l’UNICEF par exemple) devront t’aider si tu es dans une telle situation, ils devront t’aider à retrouver tes parents, ta famille. Si ta famille ne peut être retrouvée, tu seras protégé(e) et tes droits seront reconnus.

Article 23 : Les droits de l’enfant handicapé
1) Si tu es handicapé mentalement ou physiquement, tu as le droit de mener une vie décente (la meilleure possible) dans la dignité pour parvenir à un maximum d’autonomie (disposer librement de soi). Tu dois pouvoir participer à la vie de la collectivité (déplacement sans problème par exemple).
2) Les Etats doivent te reconnaître, ainsi qu’à tous les enfants handicapés, le droit de bénéficier de soins spéciaux. Si nécessaire, une aide supplémentaire sera accordée à tes parents.
3) Cette aide sera, si nécessaire, gratuite afin de t’assurer le droit à l’éducation, à la formation, à la santé, à la rééducation, à l’emploi, aux loisirs, à l’intégration sociale (ne pas rester isolé(e)), ainsi qu’à l’épanouissement personnel (être mieux mentalement).
4) Les Etats échangeront toutes ls informations utiles à aider les enfants handicapés. Les pays en développement (les plus pauvres) seront particulièrement aidés.

Article 24 : Tu as droit à la santé et aux services médicaux
1) Les Etats assureront en priorité :

  • la réduction de la mortalité infantile;
  • le développement de soins primaires;
  • le développement de soins préventifs (éviter la maladie) et la lutte contre la malnutrition (la faim);
  • le développement de l’aide aux mamans, avant et après l’accouchement (la naissance);
  • le développement de l’information sur la santé, la nutrition (façon de se nourrir) et l’hygiène (la propreté);
  • le développement de la planification familiale.

2) Les Etats aboliront (supprimeront) les pratiques traditionnelles dangereuses pour la santé des enfants (par exemple l’excision des petites filles).

Article 25 : Tu as droit à la révision de ton placement
Les Etats te reconnaissent, en cas de placement – et quelque soit la raison de ton placement – le droit à un examen périodique (souvent) de l’évolution de ta situation.

Article 26 : Tu as droit à la sécurité sociale
1) Tu as le droit de bénéficier (d’avoir) de la sécurité sociale. Les Etats doivent te garantir ce droit.
2) Les Etats doivent t’aider en fonction de ta situation et de celles des personnes responsables de toi.

Article 27 : Tu as droit à un niveau de vie décent
1) Tu as le droit à un niveau de vie décent. Tu dois pouvoir te développer normalement sur le plan physique, mental, spirituel (au niveau de ton esprit), moral et social.
2) Ce sont d’abord tes parents qui sont responsables de ton développement.
3) Si nécessaire, les Etats devront aider tes parents ou les personnes responsables de toi. Ils accorderont la priorité à l’alimentation, à l’habillement et au logement.
4) Les Etats te garantissent le droit à la pension alimentaire. Les Etats s’organiseront pour t’assurer ce droit, où que tu sois.

Article 28 : Tu as droit à l’éducation
1) Les Etats te reconnaissent le droit à l’éducation, sur la base du principe de l’égalité des chances, pour cela :
a) tu dois pouvoir fréquenter gratuitement l’enseignement primaire. Cet enseignement est obligatoire;
b) tu as le droit d’accéder à l’enseignement secondaire. Il doit être gratuit, sinon, des aident doivent t’être accordées;
c) l’enseignement supérieur t’es également accessible;
d) tu as le droit à une orientation scolaire et professionnelle;
e) tout doit être fait pour t’encourager à fréquenter l’école.
2) La discipline scolaire doit respecter tes droits et ta dignité.
3) Les Etats doivent coopérer (travailler ensemble) pour éliminer l’ignorance et l’analphabétisme (absence d’instruction) dans le monde et pour développer l’accès aux connaissances scientifiques et techniques. Les pays en développement doivent être aidés.

Article 29 : Les objectifs de ton éducation
Ton éducation doit viser à :
a) épanouir ta personnalité et tes potentialités (capacités);
b) t’inculquer (te faire comprendre) le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales (les plus importantes);
c) t’inculquer le respect de ta culture d’origine et d’adoption;
d) te préparer à assumer (prendre) tes responsabilités dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérence, d’égalité et d’amitié entre tous;
e) t’inculquer le respect du milieu naturel.

Haut

Article 30 : Les droits des enfants de minorités
Même si tu appartiens à une minorité éthnique (petit peuple), religieuse ou linguistique (qui parlent une langue peu connue), tu as le droit d’avoir ta vie culturelle, de pratiquer ta religion – si tu en as une – et d’utiliser la langue de ton groupe.

Article 31 : Tu as droit aux loisirs
1) Tu as le droit au repos, aux loisirs, au jeu, aux activités récréatives. Tu as le droit de participer librement aux activités artistiques et culturelles.
2) Les Etats doivent protéger ce droit et encourageront toutes les initiatives favorisant le développement de ce droit.

Article 32 : Tu as droit à la protection contre l’exploitation
1) Tu dois être protégé(e) contre l’exploitation. Tu ne peux accomplir de travail dangereux ou nuisant à ton éducation, à ta santé et ton développement.
2) Les Etats prendront toutes les mesures nécessaires pour te protéger :
a) ils fixeront un âge minimum à partir duquel tu pourras travailler (en France par exemple l’âge minimum est de 16 ans);
b) ils établirons des règlements concernant les heures et les conditions de travail (c’est le cas par exemple, toujours en France, pour les enfants artistes);
c) ils puniront ceux qui ne respecterons pas ces règles.

Article 33 : Tu as droit à la protection contre la drogue
Les Etats prendront toutes les mesures nécessaires pour te protéger de toutes les drogues. Ils empêcheront que tu sois utilisé(e) dans la production et le trafic de drogues.

Article 34 : Tu as droit à la protection contre l’exploitation sexuelle
Tu as le droit d’être protégé(e) contre toutes les formes d’exploitation ou de violences sexuelles. Les Etats prendront toutes les mesures nécessaires pour que :
– tu ne sois pas incité(e) (qu’on te donnes envie) ou contraint(e) (que tu sois obligé(e)) à te livrer à une activité sexuelle illégale;
– tu ne sois pas exploité(e) a des fins de prostitutions;
– tu ne sois pas exploité(e) dans des productions pornographiques(films et photos).

Article 35 : Tu as droit à la protection contre la vente
Tu ne peux être enlevé(e) ou vendu(e). Aucun commerce ne peut être organisé.

Article 36 : Tu as droit à la protection contre les autres formes d’exploitation
Tu dois également être protégé(e) contre toutes les autres formes d’exploitation (utilisation de toi à des fins commerciales par exemple).

Article 37 : Tu as droit à la protection contre la torture et la privation de liberté
1) Tu ne peux pas être soumis(e) à la torture ou à une peine cruelle, dégradante. Tu ne peux pas être exécuté(e) (tué(e)) ou emprisonné(e) à vie.
2) Tu ne peux pas être arrêté(e) arbitrairement (sans raison). La détention (la prison) doit être la dernière solution possible, elle doit être la plus courte possible.
3) Si tu es privé(e) de ta liberté, tu dois être traité(e) humainement et avec le respect de ta dignité d’être humain. Il doit être tenu compte des besoins de ton âge. Tu seras séparé(e) des adultes. Tu auras le droit de rester en contact avec ta famille – sauf cas exeptionnels dans ton intérêt -.
4) Si tu es privé(e) de liberté, du as droit à diverses formes d’assistance, tu as le droit de contester(dire que tu n’es pas d’accord) les raisons de ton enfermement devant un tribunal, toutes les décisions qui concernent ta privation de liberté doivent se prendre dans les meilleurs délais (le plus vite possible).

Article 38 : Tu as droit à la protection en cas de conflits armés(guerres)
1) En cas de conflit, les Etats doivent te protéger par le respect du droit humanitaire international.
2) Si tu as moins de 15 ans, les Etats doivent éviter que tu participes directement aux hostilités (que tu fasses la guerre).
3) Si tu as moins de 15 ans, tu ne peux pas être enrôler (recruter)dans une armée. Si les Etats incorporent (font rentrer à l’armée) des jeunes de 15 à 18 ans, ils doivent en priorité enrôler les plus âgés.
4) Si tu es concerné(e) par un conflit armé, les Etats ont l’obligation de te protéger et te soigner.

Article 39 : Tu as droit à la réadaptation et à la réinsertion
Les Etats doivent t’aider à te réadapter et à te réinsérer socialement (t’aider à retrouver une vie normale), si tu as été victime de négligence, d’exploitation, de sévices, de torture ou de toute autre forme de traitements cruels.

Haut

Article 40 : La justice et les droits des mineurs
1) Si tu es suspecté(e) ou reconnu(e) coupable d’avoir commis un délit (vol, crime…), tes droits fondamentaux doivent être respectés. Il doit être tenu compte de ton âge et tout doit être fait pour que tu réintègres la société.
2) Pour cela les Etats devront veiller :
a) à ce que tu ne sois pas accusé(e) injustement;
b) à ce que tu bénéficies de garanties telles que :

  • être présumé(e) innocent(rester innocent) jusqu’à preuve du contraire
  • être informé(e) des accusations portées contre toi
  • avoir un procès juste et équitable, qui tienne compte de ton âge et de ton intérêt
  • avoir droit à une procédure qui tienne compte de ton âge,
  • avoir la possibilité d’aller en appel,
  • te faire assister par un avocat
  • te faire assister, si nécessaire, par un interprète (un traducteur),
  • avoir droit au respect de ta vie privée.

3) Les Etats doivent adopter des lois et des procédures adaptées à ton âge; en particulier, ils devront :
a) définir l’âge en dessous duquel on ne pourra pas considérer que tu enfreins (que tu commets un délit) la loi,
b) prendre des mesures pour s’occuper de toi, sans devoir passer par la voie de la justice, en respectant bien sûr tous tes droits.
4) Les Etats doivent organiser un système d’encadrement et d’éducation pour assurer ton bien-être, en fonction de ta situation et de l’infraction (le délit) que tu as commise.

Article 41 : Tu as droit à la protection la plus favorable
Si la loi en vigueur dans ton pays t’est plus favorable (si elle est meilleure) que le texte de la présente Convention, c’est la loi la plus favorable de ton pays qui doit être appliquée.

 

 

La situation des prisons du Cameroun

La situation des prisons du Cameroun.

Les prisons camerounaises sont gérées par l’administration pénitentiaire. Le rôle de la prison au Cameroun est de priver de liberté des individus ayant commis des crimes ou certains délits et de maintenir à disposition de la justice des personnes en attente de jugement.

Par conséquent, les détenus camerounais sont :

  • soit des prévenus en détention provisoire, en attente ou en cours de jugement mais présentant des risques de fuite ;
  • soit des condamnés, purgeant la peine de prison à laquelle ils ont été condamnés.

Population carcérale au Cameroun au 31 juillet 2008:

Nombre de détenus par provinces

Province

Prévenus

Condamnés

Total

Adamaoua

794

543

1337

Centre

4177

2551

6728

Est

606

461

1067

Extrême-Nord

1315

1625

2940

Littoral

3539

1424

4963

Nord

1224

1039

2263

Nord-Ouest

318

491

809

Ouest

1727

843

2570

Sud

627

391

1018

Sud-Ouest

554

265

819

Total Cameroun

24514

Source : Direction de l’Administration Pénitentiaire,

         Liste des prisons centrales

  • Adamaoua : Prison centrale de Ngaoundéré
  • Centre : Prison centrale de Kondengui à Yaoundé
  • Est : Prison centrale de Bertoua
  • Extrême-Nord : Prison centrale de Maroua
  • Littoral : Prison centrale de New Bell à Douala
  • Nord : Prison centrale de Garoua
  • Nord-Ouest : Prison centrale de Bamenda
  • Ouest : Prison centrale de Bafoussam
  • Sud : Prison centrale d’Ebolowa
  • Sud-Ouest : Prison centrale de Buéa

Capacités pénitentiaires

En juillet 2008, le Cameroun disposait de 123 prisons pour une capacité totale de 10.070 places.

Il y a 10 prisons centrales, 48 prisons principales (de niveau départemental) et 16 prisons secondaires (de niveau d’arrondissement).

Les deux principales prisons sont la prison centrale de Kondengui à Yaoundé (4.410 détenus) et la prison centrale de New Bell à Douala (4.963 détenus).

Capacité totale : 10.070 places

Nombres de  camerounais en prison : 24.514

Constat : Surpopulation carcérale et beaucoup de citoyens en attente de jugement.

A suivre…

ACP-DH Conseil juridique recherche des juristes et avocats bénévoles.

ACP-DH Conseil juridique

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Dans le cadre du lancement des activités juridiques.

ACP-DH Conseil juridique recherche des juristes, avocats bénévoles capables d’accorder une à deux heures de leurs temps une fois par mois pour apporter une assistance judiciaire.

                                    Pour tout contact : contact.acpdh@gmail.com

Qui sommes-nous?

L’ACP-DH est une association à but non lucratif, elle est née suite à un enchaînement malheureux de plusieurs cas de violations des droits humains, de la protection de l’enfance et du disfonctionnement de la justice au Cameroun. Face à un tel phénomène, les citoyens de bonne volonté se devaient de réagir. C’est ce que nous avons fait comme bien d’autres. Nous avons jugé nécessaire de donner une forme juridique et non personnalisée pour éviter les dérives de toutes sortes et pour travailler efficacement. Car l’objectif étant d’en finir avec ces problèmes qui n’ont que trop duré à notre avis.

Notre but est :

• la défense des droits bafoués de toute personne humaine ;

• la protection des personnes lésées, détenues ainsi que la fourniture de toute assistance susceptible d’améliorer et de résoudre tout problème de la personne en difficulté ;

• l’exécution du programme d’information, de formation de la population et de documentation spécialisée dans le domaine de la prévention de toute forme de mauvais traitements de la personne humaine et des personnes en détention ;

• l’organisation des séances d’écoute et de conseil aux victimes de mauvais traitements ;

• la contribution à la réadaptation psychosociale et professionnelle des victimes de mauvais traitements par le canal de petits projets de réinsertion ;

• l’initiation de toutes autres activités visant la prévention et l’éradication de mauvais traitements et injustice.

A ce jour, notre structure est encore jeune pour faire un bilan exhaustif de son action. Ceci dit, depuis sa naissance, les demandes d’assistance n’ont pas tardé, et nous n’avons pas chômé. Sans compter les dossiers de personnes disparues ou enfants volés.

Un vrai problème éthique et moral est posé à toute la société camerounaise. En effet, comment concevoir qu’en plein 21ème siècle on vole des humains pour les revendre comme des poulets ou des meubles!!!  Un tel problème ne saurait être résolu par un individu, encore moins un Etat ou un groupe de personnes, mais toute la société entière qui, doit se poser cette question: Quel pays voulons-nous laisser à nos enfants ?

C’est la raison pour laquelle nous voulons  a travers l’ACP-DH mener une réflexion et une action de fond avec l’ensemble des forces vives de la société camerounaise, Etat et gouvernement compris pour en finir avec de telles pratiques. Aussi, nous invitons toutes les âmes éprises de liberté et d’amour du prochain à nous rejoindre pour une action citoyenne pour la promotion des droits humains au Cameroun et partout ailleurs.

 

Contact

Email : contact.acpdh@gmail.com

Téléphone : 0033 (0)6 05 72 28 69

Cameroun bébé volé: Enquête au cœur d’un trafic tentaculaire

Cameroun bébé volé: Enquête au cœur d’un trafic tentaculaire

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Si voler est un acte banal qui se vit dans la rue, les magasins et autres places marchandes, ce geste, lorsqu’il s’agit d’un bébé dans un hôpital hautement sécurisé, pose problème.

Aussi, se rend-on compte, au fur et à mesure que le temps passe, que ce phénomène s’est solidement enraciné dans les formations hospitalières du Cameroun. Les raisons sont diverses : les mères stériles qui veulent à tout prix en avoir, les couples homosexuels qui butent devant les difficultés d’adoption en Europe et les réseaux maffieux et satanistes, qui sacrifient l’innocence pour fructifier leurs affaires, accéder à des positions de pouvoir et d’influence. Sans oublier ceux qui exploitent des organes humains à des fins commerciales.

Une enquête de Pierre Célestin Atangana 

1- Les faits

Le couple Jonas et Hélène Tchoumi, résidant dans la ville de Douala, n’oubliera pas février 2012. En l’espace de deux semaines, il a vu son destin se chambouler sans pouvoir en contrôler le mouvement. Tout commence le 07 février lorsqu’Hélène Tchoumi décide de conduire son nourrisson, à peine âgé d’un mois, à l’hôpital de la Cité des palmiers pour des examens. Cette phase achevée, elle se rend à Ndokoti où elle doit rejoindre son mari. «Je me suis assise à un call box pour l’appeler, et c’est là que j’ai trouvé une dame à l’allure avenante», se souvient-elle. Face à la foule des personnes attendant leur tour pour appeler, la femme assise propose son téléphone portable à Hélène. Gênée, elle confie son bébé à la bienfaitrice, le temps de passer son coup de fil.
«A la fin, elle m’a proposé de prendre un pot. Ce que j’ai aussitôt accepté, vu que j’attendais mon mari. Elle portait toujours mon bébé, et le trouvait très beau lorsqu’on m’a rappelé du call box pour m’apprendre que j’avais oublié le carnet d’hôpital du bébé», relate-telle. Sans la moindre méfiance, elle retourne donc sur ses pas. Lorsqu’elle revient, l’inconnue a fondu dans la nature avec le bébé en abandonnant son téléphone portable sur la table.
Après deux semaines de recherches infructueuses, le couple se résout à étaler son problème dans les médias. Deux jours après le passage à l’émission «Regard social», diffusée sur Equinoxe TV le 21 février 2012, la brigade de gendarmerie de Pouma, alertée par une source qui a accepté de coopérer dans la recherche de la voleuse, se saisit du dossier. S’ensuivra une chasse à l’homme de deux jours dans cette zone. Les gendarmes mettent la main sur la petite Thérèse Diane Mouli Nguetti, le bébé d’Hélène et de Jonas Tchoumi, née le 09 décembre 2011 à l’hôpital du district de la Cité des palmiers. Une action rendue possible grâce à l’exploitation du téléphone portable abandonné par dame Ngi Nsohi Momasop.
La voleuse passera aux aveux complets, dans les locaux de la légion de gendarmerie du Littoral. «C’est moi qui ai volé le bébé, avoue-t-elle face aux journalistes. A 18 ans, j’ai eu un enfant qui est décédé trois mois plus tard. Depuis cette période jusqu’au moment où je vole le bébé, j’étais sans enfant. On m’a dit que c’était un sort qu’on m’avait jeté.»
Les leaders de la société civile et les gendarmes détiennent une toute autre version de l’affaire. «On a découvert qu’elle a volé le bébé pour un client en Europe, mais comme l’enfant n’avait pas encore d’acte de naissance afin de lui établir un passeport et un visa, elle n’a pas eu le temps de l’exfiltrer plus tôt», révèle Madeleine Afite, présidente d’une association de défense des droits de l’homme ayant étroitement travaillé avec les forces de l’ordre lors des recherches.
Pendant que l’enfant est en captivité mais aussi les jours qui suivront sa récupération par les forces de l’ordre, des individus téléphonent régulièrement pour décourager le père dans sa recherche de la manifestation de la vérité : «Tous les soirs, ils m’appelaient pour me dire de laisser tomber cette affaire, qu’on pouvait s’arranger, que j’allais avoir beaucoup d’argent. Mais je n’ai jamais cédé à tout ça.» Madeleine Afite le soutiendra dans sa détermination : «Quand il est venu me voir avec cette histoire, je lui ai dit que son enfant était plus important que tout ce qu’on lui proposait, et qu’il n’avait pas à marchander son enfant avec des personnes sans foi ni loi.»
Comme la petite Diane Thérèse, un autre bébé volé à une famille de Yaoundé fut rattrapé à l’aéroport de Nsimalen, le 24 février dernier, par des éléments du commissariat central n°1. Les ravisseurs, apprend-on de source policière, un couple de Camerounais, avaient déjà trouvé des clients en Europe pour le nourrisson. «Les bébés sont vendus entre 15 et 20 millions de Fcfa aux couples en Europe, souligne Madeleine Afite, pour combler le besoin en enfants des couples stériles d’Africains ou même d’Européens.»
Le phénomène des vols de bébés au Cameroun, qui a pris de l’ampleur en l’espace de quelques mois, a permis de mesurer l’ampleur de ce trafic criminel dans le pays. «Ce n’est pas un fait nouveau au Cameroun, explique Moïse Nyemb, commissaire de police retraité ayant travaillé au service de recherche et de diffusion d’Interpol. Les enfants ont toujours disparu, été volés. Et la direction que prennent ces innocents est connue de tous au sommet de l’Etat : ce sont des bébés qu’on vend à l’étranger à des familles, à des réseaux de trafics divers, à des maisons closes et même à des sectes satanistes qui font des sacrifices de bébés pour leurs rituels.»

Une illustration est faite ici avec Henriette N. (nom d’emprunt), qui vit à Douala et a requis l’anonymat. «En 1998, j’étais enceinte et ma belle-famille m’a demandé d’aller accoucher à Yaoundé. Rendue là-bas, j’ai donné la vie et ils ont pris l’enfant. Ils m’ont remis une somme de 400.000 Fcfa en m’expliquant que le bébé avait été vendu à quelqu’un en Europe. Mon fiancé était là, et il n’a rien dit. J’ai compris que c’était une décision familiale qui me dépassait et je suis rentrée à Douala sans mon enfant.» Madeleine Afite raconte également l’histoire d’un prêtre catholique de l’archidiocèse de Douala, qui fit enlever deux enfants dans cette ville pour les vendre à Lyon, en France : «Le jour du baptême de ces enfants, une photo fut prise et, lorsque les acheteurs se rendirent compte qu’ils étaient suivis, ils quittèrent la région jusqu’aujourd’hui.»
Un autre père de famille, qui a requis l’anonymat parce que craignant pour sa vie et celle de sa famille, vit au quartier PK 14 à Douala et a vécu la disparition de son enfant. Il tombe sur les ravisseurs après de longs mois de recherche, mais est contraint de battre en retraite parce qu’il perçoit l’ombre d’hommes puissants derrière ce rapt. «Quand j’ai découvert la trace de mon enfant, raconte-t-il, ils m’ont imposé le silence si je voulait le revoir. Je devais me taire, sinon ils allaient simuler un vol et mon fils allait être tué comme un vulgaire voleur, victime de la justice populaire.» Il se résigne donc, et attend jusqu’à ce qu’un jour, son enfant revienne à la maison.» A l’en croire, les commanditaires du rapt de son enfant occupent encore des positions influentes dans les sphères du pouvoir. Ils sont à l’affût de la moindre fausse note pour le châtier, ainsi que son enfant qui a aujourd’hui dépassé la quarantaine. «Ils voulaient vendre mon enfant à des sectes satanistes, mais ma perspicacité les a fait reculer», analyse le père de famille.
D’après Moïse Nyemb, qui a également travaillé aux renseignements généraux, les enfants volés au Cameroun sont vendus à des couples homosexuels, en Europe, et alimentent d’autres trafics. Malgré la perspicacité des forces de l’ordre, plusieurs entraves aux investigations viennent doucher l’enthousiasme. «La police est très informée, mais a les mains liées. Les policiers tombent sur ce type de trafic, mais subissent des pressions de la part de chefs qui demandent parfois de laisser tomber l’affaire, ou de relaxer les suspect; dans le meilleur des cas. S’ils s’obstinent, on leur retire l’enquête et ils sont potentiellement en danger s’ils ouvrent la bouche ou, pire, on les efface», explique Moïse Nyemb.
Selon lui, dans les hôpitaux, ce trafic est tellement fort que même les serviettes utilisées les femmes à l’accouchement sont également prisées sur le marché des trafiquants : «Il y a un commerce physique et un commerce spirituel des enfants. Mais ce sont des choses difficiles à montrer et à expliquer à des esprits qui ne sont pas initiés à la compréhension de ces choses. Mais elles existent bel et bien.» D’après Moïse Nyemb, «les bébés sont innocents et leur sang est très prisé par ceux qui fréquentent les cercles ésotériques. Et puis, il faut savoir que les orphelinats sont aussi des lieux d’approvisionnement massif pour les trafiquants. Si on dénombre les enfants qui rentrent dans ces structures, on fera face au problème de traçabilité plus tard parce qu’on ne sait où ils vont ni ce qu’ils deviennent, plus tard.»
Les ramifications du phénomène s’étendent à des endroits insoupçonnés. En dehors des sphères du pouvoir, que cite Moïse Nyemb, il y a également les représentations diplomatiques, considérées comme des plaques tournantes de ce trafic. «Lorsqu’un enfant est volé dans un domicile ou un hôpital, soutient Madeleine Afite, c’est à l’ambassade qu’on lui délivre les papiers sans le moindre retard. Dans mes recherches, j’ai découvert que les acquéreurs, qui sont en Europe, ont de solides appuis dans ces ambassades.» Et de relater la scabreuse histoire d’une dame n’ayant pas les moyens de payer sa facture d’hôpital, et qui a vu son bébé confisqué dans une maternité de Douala. «Quand elle est revenue avec l’argent, on lui a simplement dit que son bébé avait disparu. Après enquêtes, on a découvert qu’il y avait une famille en attente en Europe qui a sauté sur l’occasion.»    
Les chiffres du trafic des bébés et des enfants volés aux familles camerounaises ne sont pas officiels. «Le réseau est bien huilé et suffisamment intelligent pour donner ces chiffres ; ils ne sont pas fous de les communiquer», indique M. Nyemb qui indique que les statistiques sur ce trafic peuvent donner froid dans le dos, tant elles sont élevées. D’après les sources policières, 94 enfants ont été volés dans les hôpitaux au cours de l’année 2011. Un chiffre démenti par le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, qui parle de 4 et indique que les hôpitaux camerounais sont très sécurisés. D’après le policier, 1 fois sur 10, un enfant est placé dans une famille. «Le reste des fois, ils servent les intérêts des satanistes.»

 

2-Les gens
Sébastien Eya’a et Darlyse Nkolo

Séparés de leur bébé par un médecin  

Ce couple, qui se dit traqué aujourd’hui, partage son quotidien entre la peur, la détresse et les auditions dans les commissariats.
«Depuis que cette histoire a commencé, on n’a jamais dormi deux jours de suite au même endroit», commence Sébastien Eya’a Meba’a, père d’un bébé disparu au Centre médico-social encore appelé «hôpital de la Caisse» à Yaoundé. Darlyse Nkolo, sa compagne, y avait été admise autour du 3 février 2012. Elle va accoucher le lendemain, mais le sexe du bébé ne lui sera pas communiqué. «J’ai demandé à voir mon bébé, se souvient-elle, l’infirmière m’a dit que je ne le pouvais pas tout de suite mais plutôt le lendemain.»
Ledit 5 février, après avoir longuement insisté, les infirmières lui apprennent enfin qu’elle peut aller voir le fruit de ses entrailles en pavillon de néonatologie. Elle se rend dans cette salle, où elle rencontre un pédiatre qui se montre intrigué par sa présence en ces lieux. «Il m’a demandé ce que je faisais là, ce que je voulais et qui j’étais. Quand j’ai décliné mon identité, il m’a demandé d’aller voir dans les berceaux si mon bébé s’y trouvait, avec à son poignet le nom de la mère, Nkolo.» Elle s’exécute, fait enfin la connaissance du nourrisson avec qui elle blague un peu, constatant qu’il avait tout pris de son père. Mais, à peine avait-elle pris son bébé dans ses bras que le même médecin vient le lui arracher, indiquant que ce n’était pas le sien qui, lui, se trouvait dans une autre salle. «Je n’ai rein compris, alors qu’il portait effectivement mon nom à son poignet.»
Elle se met donc à la recherche de son bébé qui, d’après les informations fournies par les infirmières, une heure après l’accouchement, est de sexe masculin. En vain. Les choses s’accélèrent dès le lendemain, le 6 février 2012. L’hôpital lui demande de partir. Face à son obstination, la direction de l’hôpital insiste et met sa menace à exécution le 7 à 18h. Beaucoup d’autres événements vont se produire dans l’espace : «Mon carnet d’hôpital sera trafiqué, mon lit sera changé et on va même me demander d’aller chercher des couches pour mon bébé. Plus tard, le pédiatre viendra m’informer que mon bébé va bien et que nous quitterons l’hôpital bientôt.»
Darlyse Nkolo est expulsée, mais fait de la résistance jusqu’à 2h du matin, le lendemain. «Les gens de l’hôpital nous ont pris pour des voleurs de bébé, des imposteurs. Le directeur de l’hôpital a même dit que je n’ai jamais accouché dans cet hôpital.»
 Sur insistance de sa mère, l’infortunée se résout à rentrer à la maison. Le 10 février, le directeur de l’hôpital de la Caisse prend contact avec un journaliste, à qui il indique que le bébé Nkolo se trouve à la morgue de son hôpital. L’homme de média contacte à son tour l’avocat du couple et lui communique cette information. «Nous sommes partis à la morgue, on a refusé de nous remettre le corps du bébé qu’on dit être le nôtre. Ce qui fait qu’à ce jour, on n’a jamais vu ce bébé. Et on n’en sait rien sur son sexe parce que le nôtre, c’est un garçon», indique Sébastien Eya’a Meba’a. Du côté de la direction de l’hôpital, c’est le mutisme total. Aucune réponse aux questions de journalistes, aucune explication officielle non plus.
Depuis ce temps, le père indique avoir été agressé à Mimboman, le 27 février au soir alors qu’il rentrait de l’église. L’enquête, ouverte par la police judiciaire, a permis une confrontation à laquelle aucun responsable de l’hôpital n’a assisté en dehors des 20 infirmières qui ont accouru. «On en a reconnu 4, indique e père, et elles ont toutes déclaré aux enquêteurs qu’elles nous avaient reçu. Mais les policiers nous ont menacé, ne voulant même pas nous écouter.»
Le couple malheureux vit aujourd’hui traqué, et doit régulièrement changer de maison. Il n’a plus confiance à la police ni aux autorités, qui se bouchent les oreilles face à leur détresse. Les traits tirés, fatigués de changer d’asile, ils se méfient de tout. Mais Sébastien et Darlyse s’en sont remis à l’enquête de la gendarmerie, dont les conclusions restent attendues. Et ils promettent d’organiser un sit-in devant l’hôpital, si celles-ci ne satisfont pas leurs attentes.

3-Décryptage
Claude Abe

Il est dangereux d’accoucher dans un hôpital 

Le sociologue décrypte le phénomène du vol des bébés et préconise quelques remèdes pour son éradication.
Qu’est-ce qui peut justifier, selon vous, la disparition des bébés qu’on vit ces derniers temps dans les familles et les hôpitaux ?
Il faut dire que c’est un phénomène qui est lié à la modernité insécurisée que nous vivons aujourd’hui. On peut mobiliser un certain nombre de facteurs et de motivations, qui rendent compte de la survenue de ces vols de bébé. D’un côté, on a ceux qui le font pour alimenter un certain nombre de ménages qui éprouvent des difficultés d’adoption parce que, comme vous le savez, la question de l’adoption n’est pas un élément fort dans la culture de chez nous. Du coup, certaines personnes, voyant ces difficultés à adopter, préfèrent informaliser leur démarche en s’accaparant illicitement des enfants.
Il faut lier aussi ce problème à un certain nombre de pratiques qui existent dans les cercles ésotériques. Par exemple, on parle du repas du Graal dans certaines structures sectaires où des éléments de l’anatomie des bébés sont très prisés, pour des rites initiatiques. Il faut également y voir le fait que c’est une situation qui rejoint deux autres phénomènes : celui du trafic des êtres humains et celui de la vente des ossements et des organes humains, qui sont très connus dans notre pays.
On a donc affaire à un ensemble d’entrepreneurs qui ont trouvé pour fonds de commerce le trafic des bébés ; ce qui nous met en face du défaut de respect et de considération de l’humaine condition. Ce qui fait qu’aujourd’hui, tout est relatif, permis, possible. On pourrait dire ici qu’on est même dans logique d’interdire d’interdire d’attaquer l’humaine condition.
Cette situation ne crée-t-elle pas un déficit de crédibilité des hôpitaux ?
Il est clair qu’il y a un déficit de confiance en nos hôpitaux. Il y a fort à parier que les matrones vont avoir du travail, de nos jours. C’est-à-dire qu’on va se retrouver avec les bonnes vieilles méthodes parce que ça devient dangereux aujourd’hui d’accoucher dans un hôpital. Il en est du cas Vanessa Tchatchou comme de celui de l’hôpital de la Cnps. Du coup, il est fort à parier que les hôpitaux, puisqu’il s’agit d’un ensemble de circuits, de réseaux dans lesquels ils contribuent et participent, que les couples évitent de se retrouver dans les formations hospitalières. Ce qui est dommage parce que, en réalité, dans les hôpitaux, le plateau technique permet qu’on puisse réaliser un accouchement sans un certain nombre de risques. Il y a lieu de penser, à partir de ce moment-là, que l’hôpital étant devenu un lieu dangereux, marqué négativement au niveau de la société comme étant un espace où prospèrent des trafics de bébés, le déficit de confiance produise une peur de l’hôpital.
Aujourd’hui, un doigt accusateur est pointé du côté des orphelinats qu’on présente, aussi, comme des lieux d’approvisionnement des voleurs de bébés, tant la traçabilité des orphelins est difficile à remonter…
Je ne voudrais pas, d’entrée de jeu, dire que les orphelinats soient un maillon de la chaîne de ce trafic qui se joue autour des bébés et des enfants. Mais il faut relever, aujourd’hui, qu’il y a un certain nombre d’acteurs qui instrumentalisent les structures d’encadrement des orphelins et qui les utilisent comme des paravents derrière lesquels prospère un autre type d’activités. Cela interpelle les pouvoirs publics parce que, aujourd’hui, il faut constituer un certain nombre de brigades d’inspection qui surveillent et contrôlent l’activité des orphelinats. Lorsque les enfants sont placés dans les orphelinats, très souvent, on ne s’y intéresse plus. On les a laissés à ces endroits et, plus tard, on ne revient pas faire une évaluation pour savoir ce qu’ils ont devenus, où ils sont partis et ce qu’ils font. Ce laisser-aller dans la gestion des orphelinats, et derrière l’articulation de l’idée de solidarité et de charité, fait qu’on voit prospérer des réseaux qui alimentent le trafic des enfants.
Y a-t-il un moyen de circonscrire ce phénomène, au regard de son évolution et de la puissance des réseaux de trafic ?
De nombreux moyens existent pour le circonscrire. Il me semble que le ministère des Affaires sociales et celui de la Promotion de la famille, sont suffisamment outillés en termes de personnels pour protéger la famille et les nourrissons. Mais la manière dont les choses se déroulent, dans ces ministères, ne permet pas qu’ils produisent un travail qui protège la famille. Il faut constituer des brigades d’inspection mobiles qui travailleraient à l’intérieur des orphelinats et des hôpitaux parce que, aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a un besoin de resocialiser nos hôpitaux qui sont devenus des structures asociales, participant à la destruction de vies humaines.
Ensuite, il faut systématiquement punir tous les cas qui auraient été révélés. Dans l’affaire Vanessa Tchatchou, c’est insuffisant à mon sens d’avoir simplement limogé le directeur de l’hôpital. J’estime que la chaîne de ceux qui étaient en service ce jour là est facilement reconnaissable. On doit les interpeller, pour qu’ils soient traduits devant les tribunaux.
Cela peut-il faire reculer les réseaux ?
Je pense que ça peut les faire reculer, parce que l’impunité nourrit un certain nombre de comportements qui n’ont rien à voir avec ceux auxquels on devrait s’attendre. Il faut aussi dire qu’un certain nombre de réseaux maffieux, qui alimentent ce trafic, existent au Cameroun. Il est donc intéressant d’entreprendre une investigation, qui ne se limite pas à une simple enquête policière, pour comprendre quels sont les tenants et les aboutissants et éradiquer le phénomène. Il faut également sensibiliser la société, pour que, lorsqu’on a vu un individu qui trimballe un bébé alors qu’on a jamais vu sa femme enceinte, que des gens soient à mesure de toucher les autorités compétentes. Et puis il y a le fait que, derrière, un ensemble de mains est tapi qui organise un complot contre la famille et les catégories vulnérables au Cameroun.
Propos recueillis par PCA

Source : Mutation

Déclaration finale de la conférence internationale sur le vol et le trafic des nouveau-nés au Cameroun.

Déclaration finale de la conférence internationale sur le vol et le trafic des nouveau-nés au Cameroun. 

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       Réunis ce jour 26 mai 2012 à Bruxelles en Belgique dans le cadre de la conférence internationale sur le trafic des nouveau-nés au Cameroun,

 

Considérant l’impunité dont les responsables administratifs et judiciaires impliqués dans les affaires de trafic des nouveaux-nés dans les hôpitaux camerounais ont bénéficié jusqu’ici, nous, la société civile camerounaise de la diaspora d’Europe et du Cameroun représentée par,

      – ACP-DH (Action citoyenne pour la promotion des droits humains, Paris France);

– CEBAPH (Cercle Belgo-africain Pour la Promotion Humaine,Bruxelles Belgique);

– COMICODI (Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, Yaoundé Cameroun) et Camerounais anonymes ulcérés par le phénomène de vols des bébés.

 

     Après les interventions des différents conférenciers :                                                             – — Me Alexis Deswaef, Avocat et Président de la Ligue Belge des Droits de l’Homme ,

– Mme Marie Arena, Sénatrice et ancien ministre Belge ,

– Les écrivains Mr. Bertrand Teyou et Dr.Thierry Amougou, président de la Fondation Moumié,

– Madame Patty Bebe, Défenseure des Droits de l’Homme,

– L’artiste Madame Koko Ateba, présidente de l’ACP-DH.

 

Suite au débat constructif entre Camerounais présents, les résolutions suivantes ont été prises:

•                 Considérant que le problème du trafic de bébés prend de l’ampleur  dans notre pays et que ceci ternit durablement l’image de notre pays à tous les niveaux, et particulièrement vis à vis de nos partenaires et amis étrangers

•                  Considérant que les moyens mis en œuvre jusqu’ici  pour éradiquer le phénomène  du trafic des bébés s’avèrent insuffisants ou inexistants

•                 Considérant que les enquetes diligentées  jusqu’ici par les autorités policières et la Justice Camerounaises l’ont été de manière totalement imparfaite et en tous les cas, leurs conclusions n’ont jamais été rendues publiques , rendant ainsi impossible  la manifestation de la vérité, et ceci depuis de longs mois

•                 Considérant que Vanessa Tchatchou et toutes les autres mères (à l’instar de Darlyse Nkollo)  ont été dépouillées de leur progéniture  dans des structures hospitalières publiques , qu’elles sont en droit d’exiger que justice leur soit rendue de manière équitable et juste, et qu’en tous les cas, le préjudice qu’elles subissent soit pris en compte dans la réparation de cette ignominie qu’elles endurent

•                 Considérant la Constitution de notre pays le  Cameroun qui prévoit que le citoyen contribue à la défense de la patrie,

 

Les conférenciers proposent ce qui suit:

1- La mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante internationale, constituée de personnalités neutres et impartiales de tous les horizons

 

2-la mise sur pied d’un protocole  médico-légal de tests ADN, à effectuer et à faire réaliser  par des Laboratoires internationaux agréés et  reconnus par les différentes parties,  dans le cadre des différentes affaires en cours

3-  des sanctions exemplaires  devant les tribunaux pour toutes les personnes impliquées dans ce trafic, et en particulier pour toutes les personnes du corps médical , en service dans les centres incriminés, en vue de décourager toute veilleité de trafic et de connivence

4- La proposition des voies et moyens pour la reforme du code camerounais  de la famille et de l’état civil dans notre pays

5- L’instauration d’une collaboration étroite entre la commission d’enquête ad hoc, le gouvernement, les organisations de la société civile et les amis du Cameroun, pour une sensibilisation d’ensemble et à la nécessité de la mise en œuvre des propositions de la commission indépendante internationale.

 

Fait à Bruxelles le  26 mai 2012

Les signataires

La présidente de l’ACP-DH, France: Mme Koko Ateba

Le Vice président de l’ACP-DH, Mexique: M. Bertrand Teyou

Le président du CEBAPH, Belgique:  M. Elie Kadji Tchuessa

Le président de la Fondation Moumié,Genève:  M. Thierry Amougou

Le représentant du COMICODI, Allemagne: M. Jean-Robert Wanko

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Vidéo

Conférence internationale de Bruxelles sur le vol des nouveau-nés au Cameroun.

Conférence internationale de Bruxelles sur le vol des nouveau-nés au Cameroun organisée par l’ACP-DH et le CEBAH. 

Des  Camerounais, Congolais , Burundais, Ivoiriens,des Belges, amis du Cameroun etc. ont échangé avec  le panel des conférenciers sur le phénomène du trafic et du vol des nouveau-nés au Cameroun. C’était le samedi 26 mai  dernier à  la maison des Associations Internationales à  Bruxelles, capitale des institutions européennes.Il faut dire que  l’appel du Cercle Belgo-africain pour la  Promotion Humaine en abrégé (CEBAPH), association de droit belge, de la Commission Indépendante Contre la Discrimination et la Corruption (COMICODI), organisation de droit camerounais et de  l’Action Citoyenne Pour la Promotion des Droits Humains (ACP-DH), association de droit français, a rencontré un écho favorable auprès  des invités et même des curieux qui étaient de passage. Si du moins on s’en tient au nombre de  participants  à cette conférence internationale.

Quelques élus communaux locaux, des leaders associatifs, des africains, des Belges  et pleins d’autres curieux ne se sont pas fait prier pour prendre part à cette rencontre dont les thèmes à eux seuls, étaient porteurs de messages novateurs riches en enseignements.

Les sceptiques qui doutaient de la présence des personnalités invitées à cet événement  se seront trompés de beaucoup. Et pour cause. Tous ont répondu par leur présence massive, y compris des invités

Tout commence à 15h30 dans la grande salle de la Maison des Associations Internationales sise à la Rue de washington n°40 à Ixelles , avec une présentation de Roufaou Oumarou  le modérateur de la conférence, des différents intervenants

Le panel d’intervenants était très alléchant et les invités qui ont pris part ne s’y sont pas trompés.

L’honneur est revenu à la Sénatrice Belge, ancien ministre, d’ouvrir les débats. Le thème central de la conférence étant : le trafic et le vol des nouveau-nés au Cameroun. Elle n’a pas lésiné sur les moyens pour entretenir le public sur les causes et les séquelles du vol des nouveau-nés

Selon elle, c’est un phénomène probablement aussi ancien que l’humanité souvent entretenu par certaines dictatures. Vous pouvez compter sur moi pour porter ce problème aussi bien au niveau du Sénat belge que sur le plan international dira t-elle devant les ovations du public.

Elle compte dans les jours à venir interpeller le gouvernement belge en lui faisant savoir qu’au regard des relations qu’il entretient avec le Cameroun, que la question soit abordée.

Toujours selon la sénatrice , elle envisage peser de son poids auprès du Sénat belge afin qu’une mission accompagnée de la société civile camerounaise puisse se rendre au Cameroun en novembre 2012 pour mieux s’enquérir de la situation. Cette mission ajoute t-elle n’attend pas d’avoir l’autorisation du Sénat ou du groupe de parlementaire pour y aller

Alexis Deswaef,Avocat au barreau de Bruxelles et président de la Ligue belge des Droits de l’Homme  a  lui aussi ému l’assistance par son  exposé.  Selon lui, il ne faut pas sous estimer le poids de la dénonciation car, Vanessa Tchatchou a été d’un courage indicible jusqu’au jour où elle a été expulsée manu militaris de  l’hôpital gynéco obstétrique de Ngousso à Yaoundé où elle avait élu domicile à la suite du vol de son enfant.

Toujours selon Maître Alexis Deswaef, l’indépendance de la magistrature n’est pas à jour au Cameroun, et il revient aux juges de se lever en bloc pour réclamer cela.

Pour cet Avocat, l’impunité a pris le temps de construire son nid au Cameroun et qu’il est temps de dénoncer cela

Pour Patty Bébé venue de la Tchéquie,les raisons et les motivations du trafic et du vol des nouveau-nés au Cameroun sont multiples. Les femmes en difficultés de procréation sont facilement rejetées par leurs époux mais bien plus souvent par la belle-famille et sont victimes de moquerie alors même qu´il est difficile de les tenir pour seules responsables dans un couple en manque de fécondité.
Selon elle, il existe un vaste réseau de trafic de nourrissons avec en l´occurrence le cas de  Vanessa Tchatchou  et de Darlyse Nkollo. Des nourrirons sont subtilisés dans les hôpitaux avec la complicité de la sécurité, des responsables de ces structures qui délivrent déclarations de naissance fantaisistes et les agents des services sociaux véreux qui a leur tour délivrent des documents d´adoption conformes tout en violant la loi sur la procédure d´adoption(le cas interpellatif étant celui de la magistrate Ateh qui aura obtenu un acte d´adoption en moins de 2 mois alors que cette procédure peut durer 12 mois au minimum pour cet enfant qui est vraisemblablement celui de Vanessa Tchatchou).

Thierry Amougou le président de la Fondation Moumié est revenu sur Ce que le pouvoir politique a fait de la vie en Afrique subsaharienne: cas des bébés, des enfants et des femmes

Selon lui, le phénomène du du trafic et du vol des nouveau-nés au Cameroun est devenue un problème politique avec l’implication de plusieurs autorités locales dans ce trafic.

Idée qui sera partagée par l’écrivain Bertrand Teyou venu du Mexique pour la circonstance. Plus loin, il ajoute qu’il existe beaucoup de zones d’ombres dans les Affaires Vanessa Tchatchou et Nkollo au Cameroun. Il est temps de mettre un terme à cela conclura-t-il ses propos

Le président de la COMICODI le Dr Shanda Tonmé étant empêché, a été représenté par Jean Robert Wanko de l’Allemagne, porte parole de la Comicodi en Allemagne.
Il a présenté pour la bonne gouverne du public un inventaire non exhaustif des crimes sous le régime du renouveau au Cameroun . Il a aussi fait un résumé de la situation de Vanessa Tchatchou depuis le 20 août 2011, date du vol de son bébé jusqu’à ce jour. Un exposé qui a ému le public. Il faut que la magistrate qui détient l’enfant volé puisse le remettre à sa génitrice et que justice soit faite conclura t-il.

KOKO ATEBA, la présidente de l’ACP-DH prendra également la parole pour revenir les affaires  Vanessa Tchatchou et Darlyse nkollo. Selon elle,ces affaires font partie de l’accumulation des inégalités, des injustices et des  frustrations diverses au Cameroun.

L’invité surprise…. Hubert Ducarme du groupe de soutien en faveur de Paul Eric Kinguè,

Hubert Ducarme, venu du Luxembourg n’a pas lésiné sur les moyens devant la presse et les cameras pour évoquer le cas Paul Eric Kingué, l’ex-maire de la commune de Njombé-Penja, détenu depuis plus de 4 ans à la prison centrale de Douala et condamné à vie . Il demande simplement que Paul Eric Kinguè ait droit à un procès équitable dans le strict respect des lois de son pays

Les organisateurs de cette conférence ont eu on a eu du mal à arrêter le débat vers 18h. Le public devenu très attentif et critique.

Les artisans de cette rencontre ont tenu à leur promesse et les participants n’ont pas manqué de louer l’initiative.

Une déclaration dite de Bruxelles a également été rendue publique. Des descentes et des actions sur le terrain sont prévus. Nous y reviendrons

Par Hugues SEUMO

 

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Organigramme de l’ACP-DH

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Assemblée Générale

(Tous les membres à jour de leurs cotisations)

Conseil d’Administration

(10 membres élus en Assemblée générale)

*

Bureau Exécutif

Président : Koko Ateba

Vice-président: Bertrand Teyou

Trésorier général: Mintoogues Yves

Secrétaire général (provisoire): Luc Banemeck

*

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